Depuis 16 ans, Adèle Renaud exerce sa profession de gardienne de quai pour la CTMA. Bien que ses tâches aient évolué avec le temps, les Madelinots comme les touristes peuvent toujours la retrouver à la guérite #1, avec le sourire et l’envie de discuter.
Adèle, née au Bassin et ayant passé sa vie à l’Étang-du-Nord, est une bonne vivante qui a à cœur les connexions humaines. Son emploi pour la CTMA lui permet de « faire son social », explique en riant celle qui peut voir des centaines de personnes dans une journée.
Elle a eu de nombreux métiers : passant des usines de cannage de tomates en Ontario aux différents bars des Îles comme barmaid, où les amis de ses neveux aimaient l’appeler Matante Adèle. Elle travaillait en aménagement paysager aux Îles quand le poste de gardien de quai à la CTMA s’est libéré. Elle a donc répondu à l’offre, se disant qu’elle essayerait pour voir si elle pouvait s’y plaire. 16 ans plus tard, elle avoue ne pas avoir vu les années défiler.
Une gardienne de quai, c’est quoi?
Traditionnellement, il s’agit de la personne qui aidait à amarrer le bateau en attachant l’énorme cordage au quai. Adèle raconte qu’elle a, par le passé, contribué à cette étape, « avec les plus petites cordes ».
Le métier, à l’origine masculin, convient parfaitement à Adèle qui adore être à l’extérieur. Son premier rôle spécifique au sein de l’équipe sur le quai était de diriger les passagers vers les bonnes files d’attente, selon leur type de voiture. Elle se rappelle les taquineries de ses collègues, car elle connaissait peu les différents véhicules. Lumineuse de fierté, elle explique avoir « appris sur le tas » et avec les conseils des autres employés, qui sont devenus sa famille. Seule femme d’une équipe de huit, Adèle dit avoir toujours aimé son équipe, en ajoutant qu’il « faut dire qu’elle a un caractère! » Bébé d’une famille de 12, avec 8 frères plus âgés, disons qu’elle avait de la pratique.
Elle a ensuite été transférée aux mesures, dans le même département. C’est, à ce jour, son occupation principale. C’est Adèle qui mesure vos motorisés, roulottes, camionnettes et remorques pour s’assurer de communiquer l’espace nécessaire requis au premier officier, qui lui s’occupe du chargement du traversier. Tout en prenant les dimensions, elle en profite pour fournir des explications sur le fonctionnement de l’embarquement.
La gardienne de quai a des horaires de travail coupés : elle se lève vers 4h tous les matins, pour être prête sur le quai à 5h. Elle est présente à son poste jusqu’à 8h, et retourne ensuite chez elle. Adèle revient à la guérite #1 vers 17h, pour assurer la même mission lors des traversées en soirée.
L’avantage des horaires coupés? La possibilité d’avoir un autre emploi durant le jour. Adèle a, pendant des années, également travaillé dans une usine de poissons. Et lorsqu’elle travaille uniquement pour la CTMA, elle profite de ses journées entières sur les Îles.
Adèle continue de choisir son métier pour son équipe, pour l’ambiance agréable, et pour ses patrons qui sont à l’écoute quand ils ont des demandes. Son emploi lui convient tellement qu’elle se considère « à la retraite même en travaillant! » Elle ne se souvient pas d’un seul matin où elle n’a pas eu envie de se lever pour se rendre au boulot.
Quand les défis n’en sont pas
Même lorsque le traversier amarrait sur l’autre quai pour cause de réparations, avec tout le trafic supplémentaire et la gestion que cela pouvait occasionner, Adèle dit ne pas avoir ressenti de difficulté. Comme à l’habitude, elle pouvait se fier sur son équipe tissée serrée pour que les choses se déroulent rondement.
Son réel pincement au cœur? Quand, à l’occasion, un touriste repart mécontent de sa visite aux Îles. Celle qui normalement voit partir des visiteurs joyeux explique ne pas comprendre pourquoi quelqu’un pourrait ne pas aimer son séjour sur un archipel qui a tant à offrir.
La guérison par le travail
En septembre dernier, Adèle a reçu un diagnostic de cancer. Celle qui n’a jamais été malade a dû arrêter le travail pour prendre soin d’elle. Elle a été chanceuse, ses traitements se sont bien déroulés ; elle s’est promis de ne pas s’arrêter à sa maladie et de continuer à vivre. Grâce au soutien de sa famille et à sa foi, elle est « ici aujourd’hui, un jour à la fois. »
Après avoir vu son médecin en mai, elle voulait revenir au travail, car elle sentait qu’il lui « manquait quelque chose ». Il lui a demandé d’attendre.
C’est à la mi-juillet qu’Adèle a enfin pu rejoindre sa guérite #1, son équipe et ses passagers… à temps partiel. Un compromis pour finalement retrouver sa deuxième famille. Elle ne s’attendait pas à la vague d’amour qu’elle a reçue à son retour ; heureuse de la voir en santé, son équipe s’ennuyait autant qu’elle.
« Quand t’es en forme, c’est la moindre des choses, tu aimes venir travailler. Garder le contact avec le monde, c’est un privilège. »
Lorsque vous passerez à la guérite #1, prenez le temps d’aller saluer Adèle, qui sera heureuse de vous accueillir et de vous rencontrer!
Par Anaé Tremblay Bourque, collaboratrice