Forte d’une expérience de 30 ans dans le transport de marchandises par bateaux, la CTMA implante un service de transport routier de marchandises en créant la filiale Express CTMA en 1974.
Cette évolution arrive en même temps ou presque que le début du service de traversier (Manic en 1971/Lucy Maud en 1975). Une coïncidence ? Pas tout à fait. Avec un navire roll-on roll-off, on a enfin un nouveau service qui permet d’amener de la marchandise par camions sur le territoire des Îles de manière beaucoup plus efficace. Le temps des cargaisons à lever par système de grue est maintenant révolu !
« Le déclic se fait rapidement dans la tête des administrateurs de CTMA : avec le nouveau service de traversier, il faut aussi évoluer vers le transport routier, qui représente toute une opportunité de développement pour les Îles » (Raphaël Turbide, CFIM)
Le besoin se faisait déjà bien sentir de s’impliquer à plusieurs niveaux dans la chaîne du transport et de l’approvisionnement de l’archipel. La création du service routier de marchandises permet d’établir un système de transport intégré et d’amener plus loin une des motivations premières des fondateurs de la coopérative : approvisionner les Îles d’une façon régulière.
Développer un lien plus fort avec le Québec
Par la proximité avec les Îles, les Maritimes ont toujours naturellement été le lien principal d’approvisionnement. Avec l’arrivée des camions CTMA qui peuvent se promener partout sur la route, on assiste à une connexion avec le Québec de plus en plus forte. Avec la situation économique et sociale qui change très rapidement et les Îles qui font de plus en plus affaire avec le Québec, le défi d’adaptation de la CTMA est grand. Cela demande la création de toute une expertise en logistique de transport, et on voit naître une équipe de camionneurs et de répartiteurs.
« Florent Nadeau, personnage important dans l’histoire de la CTMA, était répartiteur basé à l’Île-du-Prince-Édouard, il «dispatchait» tous les camionneurs un peu partout sur la route. Il a joué un grand rôle dans l’évolution de ce système routier. » (Raphaël Turbide, CFIM)
Avoir un pied à terre un peu partout !
L’établissement d’entrepôts à des endroits stratégiques sur le continent (Maritimes, Québec, Montréal) permet à la CTMA de déployer une stratégie de transport qui évolue et d’avoir un flux de marchandises toujours plus efficace pour approvisionner les Madelinots.
De meilleures conditions de succès pour nos entrepreneurs madelinots
Toutes ces améliorations du système permettent aux entrepreneurs madelinots d’avoir accès à des conditions plus abordables et plus fiables de transport de marchandises. Les entreprises de consommation se multiplient aux Îles, et on a enfin l’impression d’avoir un niveau de vie comparable au continent.
« On a juste à penser au centre d’achat, l’implantation d’un centre d’achat aux Îles a été possible grâce à ce système de transport routier qui permettait aux entrepreneurs d’avoir accès à de plus grands volumes de transaction. » (Raphaël Turbide)
Toute cette transformation vers une société de consommation amène aussi la CTMA vers une autre étape de son évolution : l’acquisition éventuelle d’un navire de plus grande capacité dont la mission première est le transport de marchandises, soit le CTMA Voyageur (1986).
Pluggez-en du homard !
Si Express CTMA a un impact crucial sur l’approvisionnement des Îles, l’inverse est aussi vrai : on peut maintenant offrir une exportation toujours plus poussée des produits de la mer, afin de s’adapter à un marché du homard en pleine mutation. La demande pour le homard frais est toujours grandissante et le système de transport de CTMA permet de s’y adapter.
Replongez dans les années 70-80 et imaginez la logistique d’exporter du homard vivant : Une fois pêché, le homard doit être récupéré du pêcheur ou à l’usine, entreposé dans des remorques qui contiennent des équipements spécialisés qui permettent de le garder bien frais et vivant, puis transporté par camion jusqu’aux États-Unis… pas une mince affaire !
« Le service routier de CTMA fait partie intégrante de notre économie, de nos vies quotidiennes sans qu’on le réalise vraiment, car on le prend pour acquis. On a la possibilité d’avoir un niveau de vie qui est aujourd’hui très comparable à celui de l’extérieur, et c’est un des héritages les plus importants de la traverse CTMA et de l’accessibilité du transport routier. » (Raphaël Turbide, CFIM)
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Dans la prochaine chronique historique : La saga entourant l’acquisition du nouveau traversier, le Madeleine 1.